Hypnose, naturopathie et micronutrition par Emilie Lambert
Comprendre pourquoi et comment l'hypnose associée aux outils de naturopathie et de micronutrition peut aider à renouer avec un état de santé optimal, c'est ce que nous explique Emilie Lambert dans cette interview. L'hypnose est une méthode thérapeutique permettant le lâcher-prise en mettant de côté les biais cognitifs conscients et inconscients. De quoi favoriser la participation active en réponse à une problématique physique et /ou émotionnelle, les deux étant en interrelation étroite. Emilie propose un accompagnement global, respectueux et qualitatif en parallèle de ses activités d'enseignement. Collègue et amie, je ne peux que vanter les compétences professionnelles et les qualités humaines d'Emilie que je vous laisse apprécier à travers ses mots.
Bonjour, peux-tu te présenter stp ?
Bonjour, je suis Emilie Lambert. J'ai 37 ans et suis passionnée par les plantes. Je réside à Tonnay Boutonne, en Charente Maritime, un village en contact avec la nature. Je suis Docteur en Chimie organique, formée en naturopathie, micronutrition et hypnose. Je propose des consultations en cabinet à Aytré (La Rochelle) qui intègrent ces trois outils dans une approche qui prend en compte l’hygiène de vie, la physiologie et l’équilibre émotionnel.
Peux-tu nous parler de ton parcours professionnel ?
Au cours de mes études en chimie organique et médicinale, je me suis spécialisée dans le domaine des nucléotides (petits motifs d’ARN).
Après un post-doctorat porté sur le développement final de médicaments, j’ai intégré un laboratoire pharmaceutique spécialisé dans les maladies infectieuses où j’ai pris part à plusieurs programmes de recherches industriels et universitaires pendant près de 5 ans. C’est en 2017 que j’ai commencé à dessiner mon projet de reconversion qui allierait une naturopathie moderne à l’hypnose.
Séduite par l’approche scientifique et clinique de la micronutrition, je m’y suis formée peu après mes études de naturopathie. J’ai ensuite finalisé mon projet en devenant praticienne en hypnose Ericksonienne à l’ARCHE. Aujourd’hui, j'associe ces trois outils dans mes consultations, dans le but d’aider les gens à mieux choisir leur alimentation et à être autonome sur la gestion de leurs maux quotidiens. Je suis également formatrice auprès d’une école de naturopathie et j’interviens auprès de paysans herboristes bio pour approfondir leurs connaissances sur les principes actifs des plantes.
Quel chemin t’a conduite vers la naturopathie, la micronutrition et l’hypnose ?
A la maison, il y a toujours eu cette « pharmacie du bon dieu » contenant les bons remèdes des petits maux. Ma mère étant une botaniste passionnée, les plantes ont toujours fait partie de notre environnement.
Comprendre les mécanismes du vivant au niveau moléculaire a été mon leitmotiv dans tout ce parcours ; que ce soit la magie du végétal ou bien l’incroyable orchestre biochimique qui fait de nous des humains. Et bien que la recherche pharmaceutique m’ait permis de goûter à une science pointue, je trouvais que les chimères de synthèse n’égalaient pas la subtilité du totum végétal. De plus, ces projets à dimension curative ou palliative, faisaient abstraction de la prévention, de l’hygiène de vie et de l’écologie ; ce qui me tenait déjà à cœur.
Au fur et à mesure, une perte de sens s’est installée, laissant place à la fatigue chronique jusqu’à atteindre une dépression profonde. Durant toute cette période, je n’ai cessé de me documenter et d’expérimenter des méthodes naturelles. Cela m’a ouvert à l’hypnose, au microdosage en tant qu'alliés psychologiques. Puis la phytothérapie et l’hydrothérapie m’ont aidée à retrouver mon énergie et l’envie d’entreprendre.
Ce vécu a profondément transformé mon rapport à la nature et au monde. Il m’a semblé alors comme une évidence d’accompagner les autres dans une voie corps-esprit mariant les ressources de la nature et l’exploration de soi via l’hypnose.
Peux-tu nous présenter tes différentes activités professionnelles ?
Je partage mon temps entre les formations que je donne et les séances en cabinet. Ces deux activités s’alimentent l’une l’autre et j’y trouve mon équilibre.
En séance, la naturopathie, la micronutrition et l’hypnose se combinent selon les besoins de chacun. L’accompagnement s’articule autour d’un bilan micronutritionnel poussé, de conseils en hygiène de vie et l’hypnose pour travailler sur la sphère psychoémotionnelle.
Dans tous les cas, je considère la personne comme un tout, et au-delà de ses troubles, les séances s’adaptent selon son évolution.
Peux-tu nous présenter l’hypnose Ericksonienne justement ?
L’hypnose Ericksonienne se fonde sur la pratique de Milton Erickson. C’est une approche de l’hypnose qui se veut thérapeutique, naturaliste, sans projection ni croyances et utilise les capacités physiques et émotionnelles inconscientes de la personne pour les transformer en ressources.
Elle amène à un état où le facteur critique est contourné pour permettre au conscient et au subconscient de communiquer. On accède alors à une pensée plus intuitive où les pensées parasites sont mises de côté ce qui permet d’aborder nos propres difficultés avec un œil neuf.
Le corps vit alors ce qui est suggéré à l’imaginaire. Par exemple une suggestion de diminution de la douleur active des zones du cerveau impliquées dans la douleur, qui diminue réellement.
Le praticien est alors un guide qui met à disposition des techniques afin de guider l’hypnose de façon agréable et efficace.
Comment se déroule une séance d’hypnose ?
Cela commence souvent par un échange durant lequel la personne expose ce qu’elle vit et ce qu’elle souhaiterait changer. Dans ma pratique, cette phase introspective peut se faire dans la continuité du bilan en micronutrition pour apporter une vue d’ensemble de la problématique.
Ensuite, il y une phase de découverte où l’on expérimente différentes façons d’entrer en hypnose. Une fois cet état installé, la personne part à la rencontre de son objectif de séance, sous forme d’un dialogue guidé par différentes étapes.
Cette phase de travail peut prendre la forme d’un voyage intérieur, d’un deuil symbolique, d’une régression, voire d’un dialogue avec un conflit interne.
Notons que l’hypnose est un état actif différent du sommeil où l’on conserve ses capacités d’écoute, de parole et de mouvement. Certaines séances se font même debout.
Enfin, il y a une phase de retour où la personne revient dans l’ici et maintenant, qui se termine par quelques pistes en autohypnose et/ou en naturopathie.
Proposes-tu les bases de l’auto-hypnose ?
Oui, presque toujours.
En fin de séance, je réutilise un des tests hypnotiques initiaux qui a bien fonctionné et je l’associe à un ancrage émotionnel ou sensitif. Ainsi la personne pourra retrouver une sensation de bien-être, agir sur son moral ou sur son corps entre 2 séances, tout en renforçant sa capacité à entrer en hypnose.
Pourquoi l’hypnose enrichit l’accompagnement naturopathique et micronutritionnel ?
Pour moi il y a un réel intérêt d’aborder un problème selon plusieurs axes. Dans ma pratique, l’hypnose permet de potentialiser et de pérenniser les changements. Il existe tellement de possibilités d’interactions entre ces deux outils !
- Tout d’abord, l’approche symbolique en état d’hypnose peut activer des ressources physiologiques pures. Couplée à la micronutrition, on peut imaginer une activation métaphorique du système immunitaire, la cicatrisation ou la normalisation d’un processus biologique. Les possibilités sont illimitées. Cela est d’ailleurs bien documenté dans l’accompagnement des sportifs pour la récupération post-effort.
- L’hypnose est également un outil incontournable dans la gestion des douleurs chroniques. Le travail s’initie d’abord en séance et se prolonge chez soi par l’autohypnose. Cela donne un vrai levier d’action au quotidien.
- L’hypnose est réputée efficace dans les changements de comportements. Par exemple, dans une stratégie globale de perte ou gain de poids, on pourra focaliser le travail en hypnose sur les compulsions alimentaires, tout en recherchant les causes physiologiques en micronutrition.
- Et puis, il arrive parfois que des problèmes chroniques se manifestent suite à des chocs émotionnels. Par exemple, je me souviens d’une consultante qui souffrait d’une polyarthrite rhumatoïde, apparue suite au décès de sa mère. A l’évocation de cet évènement, la tristesse était encore très vive. L’accompagnement du processus de deuil par l’hypnose, en parallèle d’un travail micronutritionnel a amené à une diminution significative de la rigidité articulaire mais également à une amélioration du moral et une stabilisation des douleurs sur le long terme.
Quelle est la problématique pour laquelle l’hypnose présente-t-elle le plus d’intérêt ?
Quel que soit son problème, il est important de choisir ce qui fait sens pour soi.
En tant que praticienne, je pense qu’il existe une vraie symbiose de ces outils, dans les cas où les blocages du corps et de l’esprit s’entremêlent. C’est le cas notamment pour les troubles endocriniens. Par exemple, lors d’un burnout, il est pertinent de travailler en hypnose pour traverser cette étape de vie et restaurer l’estime de soi qui est parfois ébranlée, tout en prenant en charge l’axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien par la micronutrition.
Combien de séances d’hypnose sont nécessaires ?
L’hypnose est une approche dite de thérapie brève. Même s’il est difficile de prévoir un nombre de séances, il est courant de consacrer 1 à 6 séances pour un même objectif. Chaque personne étant différente, le succès dépend également de l’alliance avec le thérapeute et de l’engagement en séance.
Y a-t-il des contre-indications à cette pratique ?
Je ne connais pas de réelles contre-indications à l’hypnose, tant que le praticien reste dans le champ du développement personnel et non dans une posture de soignant. Il faut cependant être prudent dans le cas de certains troubles psychotiques. Pour ma part, je me forme en psychopathologie afin de savoir rediriger si je perçois un tableau plus complexe. Ma pratique consistant à apporter du bien-être dans une approche complémentaire à la médecine, je m’assure dans certains cas du suivi médical ou psychiatrique et je n’hésite pas à interagir avec les spécialistes référents si nécessaire.
Quelles sont les limites de l’hypnothérapie ?
L’hypnose ne peux pas grand-chose contre le Covid ! Plus sérieusement, le moteur de l’hypnose est la volonté de changement alimentée par un terreau émotionnel. Dans l’évolution de certaines maladies dégénératives, si l’atteinte neurologique perturbe la mémoire émotionnelle, le travail en hypnose devient compliqué.
En hypnose de cabinet (qui est un contexte différent de l’hypnose de spectacle), on dit souvent que l’on vit uniquement ce qu’on est à même de vivre, ni plus ni moins. Cette limite est un véritable fusible pour les personnes au vécu difficile.
Et puis comme pour toute approche psychoémotionnelle, il est important d’avoir un objectif réalisable, écologique et qui n’implique que soi. C’est au praticien d’aider à clarifier les objectifs de changement et d’en questionner les bénéfices secondaires : par exemple, si se laver 20 fois les mains permet à la personne de se rassurer ou si fumer est associé au fait de se retrouver entre amis, il sera pertinent de travailler ces freins pour que l’évolution soit durable.
D’un certain point de vue, on peut voir l’hypnose comme un outil qui respecte l’autre dans ses besoins inconscients.
As-tu des conseils nous permettant de mettre en place cette pratique hors cabinet ? As-tu des ouvrages, articles ou vidéos à nous conseiller ?
Il serait trop long d’exposer une méthode ici, d’autant qu’il appartient à chacun de trouver ce qui lui parle le plus.
Il existe des guides d’autohypnose numériques telles que l’application « Psychonaute » ou via le site de Pank « HnO-mp3-hypnose.com » qui répertorie plus d’un millier d’audio mais cela ne remplacera jamais une séance avec un praticien.
Enfin le livre « Autohypnose » d’Antoine Garnier est une référence pour apprendre seul cet outil.
As-tu des projets en cours de développement ?
En 2022, j’ai 2 grands projets :
- Etudier plus en détail les bénéfices de l’approche hypnose/naturopathie en collaboration avec l’association ‘’Les fils d’Apollon’’.
- Créer des ateliers dans la ville d’Aytré :
- ‘’Natur-autohypnose’’ autour de thématiques grand-public (Douleurs, déprime, stress et immunité)
- ‘’Féminité et nature’’ autour des problématiques hormonales (douleurs prémenstruelles, endo’PK, ménopause).