La digestion, c'est quoi exactement ?
Bien découper les aliments pour bien les assimiler :
Les aliments sont des assemblages de macro-éléments (protéines, lipides et glucides) et de micro-éléments (vitamines et minéraux) qui nécessitent d’être découpés en minuscules molécules que notre organisme pourra ainsi assimilées.
Ce processus fera intervenir diverses sécrétions de substances plus ou moins corrosives et émulsifiantes pour permettre à ces molécules d’être absorbées au niveau de la muqueuse intestinale. En plus du découpage méticuleux, le processus de digestion doit également veiller à « humaniser » les aliments en leur faisant perdre leur caractère antigénique (= contre nos gênes) essentiellement pour les protéines (potentiellement sources d’intolérances/allergies).
Plus simplement, les aliments sont des éléments étrangers au corps humain qui possèdent leur propre « identité ». Il est intéressant de considérer que la nourriture qui transite dans notre bouche, œsophage, estomac et +/- intestin se trouve à l’extérieur de notre organisme (= le non-soi). Et oui, le tractus digestif est un lieu de transit qui représente la peau de l’intérieur. Un concept facile à comprendre mais qui peut dérouter certains d’entre nous.
Du steak frites dans notre assiette aux nutriments dans nos cellules :
Pour en revenir à la digestion, nous allons voir les processus qui permettent de transformer un steak-frites (ou gratin de courgettes bio au tofu lactofermenté pour une version plus healthy) en éléments permettant la production d’énergie, l’entretien et le renouvellement des cellules de notre organisme.
La digestion commence dans la bouche (+ les yeux et l’odorat) :
Rôle de la bouche : écraser, malaxer, dissoudre les aliments.
- La mastication :
La digestion est un travail à la chaîne soumis à la règle du maillon faible. En clair, l’ensemble du processus se met au niveau de l’étape incorrectement réalisée. La mastication étant la première étape de la digestion, nous comprenons aisément son importance. La bonne nouvelle, c’est que la mastication est la seule étape de la digestion entièrement sous notre contrôle. Prêter grand soin à la présentation des aliments est très important car 50% des sécrétions de sucs digestifs se fait pendant la phase céphalique : attente du repas, odeurs alléchantes, vision et odeur des aliments… L’intérêt de manger en pleine conscience devient ainsi tangible.
- Conseil : même mou, mastiquer un aliment reste toujours indispensable.
Conseils pratiques pour favoriser vos sécrétions digestives:
Oubliez définitivement les plats préparés industriellement conditionnés en barquettes plastique à réchauffer/décongeler au micro-ondes qui seront ingurgités sans plaisir (comment pourrait-il en avoir ?).
Encore pire si ceux-ci sont avalés en pianotant sur votre ordinateur ou votre téléphone portable, en lisant un journal/magazine, en checkant vos mails… Ce genre de « produits » (pouvons-nous parler d’aliments ?!) peut présenter un aspect pratique mais se trouve dramatiquement dénué du moindre intérêt nutritionnel. L’alimentation a pour but de fournir à notre organisme l’énergie nécessaire pour fonctionner, fabriquer et renouveler ses cellules, non pas d’offrir un gain temps (= vite fait mal fait en résumé).
Votre langue permet d'apprécier les saveurs :
La langue permet d’apprécier les différentes saveurs des aliments grâce à certaines papilles localisées sur des endroits précis.
Info complémentaire : ce sont nos bactéries buccales qui permettent d’apprécier -ou non- les goûts, saveurs et nuances des grands crus de Bordeaux ou de Bourgogne (info destinée aux amateurs…).
Ne trompez pas vos papilles et votre tour de taille vous remerciera:
Attention aux édulcorants tels aspartame, sucralose, saccharine, néotame, advantame et acésulfame, surtout si consommés en grande quantité dans les boissons et aliments « light » ! Ce sont des leurres pour l’organisme qui stimulent la production d’insuline par le pancréas et entrainent une résistance à l’insuline sur le long terme (+ effets cancérogènes et perturbateurs intestinaux). Le goût sucré perçu en bouche enverra le message au pancréas de produire ses sécrétions destinées à prendre en charge l’apport de glucides supposément identifié.
Faux sucre = vrai danger :
L’insuline alors synthétisée (hormone chargée de faire rentrer le sucre dans les cellules) ne sera pas utilisée en l’absence d’arrivée réel d’aliment sucré. Le pancréas travaillera beaucoup « pour rien » (= surcharge de travail non justifiée) et finira par devenir moins performant (= résistance à l’insuline) jusqu’à sombrer dans un burn out complet (= épuisement de la production d’insuline = prédiabète de type II). Nous verrons plus tard que ces molécules sont tout aussi néfastes pour l’équilibre intestinal.
Rôle de la salive dans la prédigestion des aliments :
Ce qui se passe dans votre bouche (et il se passe beaucoup de choses) :
Nos glandes salivaires fabriquent chaque jour environ 1,5 litres de salive. La salive n’est pas du tout stérile puisqu’elle contient jusqu’à 600 espèces différentes de bactéries avec environ 6 milliards d’individus qui peuplent notre cavité buccale. La journée, le flux de salive permet de faire circuler les bactéries qui ne stagnent pas en bouche. La sécrétion de salive qui est bien moindre pendant la nuit favorise la stagnation et la prolifération des bactéries à l’origine d’une haleine parfois chargée au réveil.
A quoi sert votre salive :
Le pH de la salive est naturellement alcalin entre 7,5 et 8. Un mucus protecteur tapisse la bouche, enrobe les aliments pour les faire glisser, lubrifie la langue, protège et nourrit vos dents en y déposant phosphate et calcium. La salive contient également une enzyme –la mucine- qui inhibe les bactéries et nettoie les dents. La salive libère une substance proche chimiquement de la morphine -l’opiorphine- que nous produisons en toute petite quantité. Cette substance a un effet anti-douleur extrêmement puissant au niveau buccal car la bouche est très sensible (aphte, petite plaie font terriblement souffrir). En outre, le début de la digestion a lieu grâce à l’amylase salivaire qui est une enzyme (= petit ciseau) qui va commencer de fragmenter les sucres en bouche.
A noter qu’une bonne mastication réduira de 30% le travail gastrique.
Bénéfices d'une bonne mastication :
Le simple fait de bien mastiquer vos aliments vous offrira un réel soulagement digestif (et pas que!).
Les principaux bénéfices sont :
- Optimisation de la digestion mécanique en broyant les aliments jusqu’à une forme semi-liquide voire liquide (beaucoup plus agréable pour descendre dans l’œsophage !).
- Contrôle de la prise alimentaire en envoyant au cerveau un message de satiété.
- Augmentation de la production de salive qui contient l’amylase, enzyme qui va amorcer la dégradation de l’amidon en bouche.
- Lourdeurs, ballonnements et fermentations digestives évités.
- Sollicitation et renforcement des muscles de la mâchoire (penser à mâcher des deux côtés).
- Amélioration de la santé bucco-dentaire.
- Absorption des nutriments des végétaux (vitamines et minéraux) optimisée en dégradant la paroi cellulosique des fibres végétales. La cellulose doit être broyée par les dents pour libérer les vertus nutritives des végétaux et les rendre assimilables par l’organisme. Nous ne possédons pas l’enzyme capable de digérer la cellulose.
- Plaisir gustatif : ce sont les papilles gustatives qui nous permettent d’apprécier la saveur des aliments lorsque ceux-ci sont en bouche. Ce phénomène disparait dès la fin de l’étape buccale, raison supplémentaire de faire durer le plaisir !
Santé buccale et santé globale :
Prendre soin de votre santé buccale est primordial.
Le déséquilibre du microbiote buccal et/ou les problèmes de gencives peuvent provoquer l’apparition de troubles chroniques et dégénératifs sérieux (MAI-Maladie Auto-Immune, infertilité, maladies cardio-vasculaires…). Très récemment, des chercheurs ont fait un lien entre la bactérie Porphyromonas gingivalis, agent pathogène responsable de la parodontite chronique (=inflammation de la gencive), et la maladie d’Alzheimer. Les chercheurs ont trouvé des traces de la bactérie P. gingivalis dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer ainsi que dans leur liquide céphalo-rachidien. La relation entre le microbiote buccal et d’autres pathologies fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques.
L'hygiène buccal est un acte essentiel :
Le brossage des dents après chaque repas est indispensable ainsi qu’une visite de contrôle annuelle chez votre dentiste. Il est grandement conseillé de réaliser un détartrage une à deux fois par an selon les personnes. La recherche de potentiels foyers infectieux n’est pas à négliger. Les phénomènes récurrents de parodontites, gingivites, caries, muguets et autres aphtoses seront à mettre en corrélation avec un probable déséquilibre des bactéries buccales ou/et intestinales. Les amalgames dentaires sont à éviter (envisager éventuellement leur dépose).
Soins naturels et ennemis chimiques de votre bouche :
Des souches bactériennes (sous forme de comprimés à sucer) spécialement sélectionnées pour leurs compétences à rééquilibrer le microbiote buccal peuvent vous aider. Les dentifrices à la propolis parfois associés à certaines huiles essentielles comme le tea tree contribuent à la préservation d'un bon équilibre bactérien buccal et luttent contre les gingivites. Attention à l'emploi réitéré des bains de bouche du commerce qui ont une action antiseptique en détruisant l'ensemble des populations bactériennes qui peuplent votre bouche à l'instar des antibiotiques à large spectre. N'oubliez pas que les bactéries sont nos amies à condition de respecter l'équilibre des populations que nous hébergeons dans notre bouche comme dans tout notre organisme.